courtesy of Galerie Depardieu

artistes :
Simon Couvin, Nasr-Eddine Bennacer, Jean-Philippe Pernot

Vernissage le 14 janvier à partir de 16:00

Carte blanche à Simone Dibo-Cohen dans le cadre des 70 ans de l’UMAM

SIMON COUVIN
CHEVEU
Couper, raser, épiler, coiffer, collecter, suturer, cheveux et poils.
Choisir la voie de l’image, de l’empreinte photographique.
De l’épaisseur d’un cheveu, à l’acte d’insolation une image adviendra. ’’Sans Titre’’.
Pour ne ressembler à rien d’autre qu’à elle-même, n’étant plus cette image qui révèle le contact d’une absence mais aurait la prétention de se dresser devant nous et de nous mettre en résonance, une image photographique.
Retenir, tenir, recueillir, ramasser, amasser, extraire de la masse, tresser, déposer, cheveux et poils, pour la reconstruction de l’informe à la forme. Sculpture capillaire rejoignant des formes originelles d’un récit incomplet mais précieuses d’une origine. ‘’Nids de cheveux pour d’étranges oiseaux’’. Chaque nid est accompagné de son identité sonore compositions électroacoustiques originales de Nicolas Perrin.
Simon Couvin est né à Paris. Il vit et travaille à Nice.
Son travail a fait l’objet de plusieurs expositions personnelles et collectives :
Naturale Spectrum – ‘’Parc Phoenix.’’ Nice. Mars/Avril 2006
Photogramme – ‘’Galerie In Camera.’’ Monaco. Octobre2007/Janvier 2008.
Le Photogramme – ’’Théâtre de la Photographie et de l’Image Charles Nègre’’. Nice (exposition collective).
Juin/Octobre 2010.
Art Elysées. – ‘’Champs Elysées.’’ Galerie Basia Embericos. Octobre 2013.
PHOTO Off Paris Photo. ‘’La Bellevilloise.’’ Galerie Basia Embericos Novembre 2012 et 2013.
Espace Gred. – ‘’La rosée du matin’’. Nice (exposition collective). Mars/Mai 2015.
Lab 44. – Paris (exposition collective). Juillet/Septembre 2015.

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NASR-EDDINE BENNACER
Nasr-eddine Bennacer (Algérie, 1967) vit et travaille à Paris depuis plus de 20 ans.
L’artiste s’interroge sur l’évolution des relations entre les civilisations, les cultures et sur la part d’ambiguïté qui existe dans les jeux relationnels entre les hommes. Ses questionnements se concentrent sur les formes de manipulation et d’exploitation des conflits aussi bien à niveau individuel que global : l’agresseur est–il toujours celui qui montre sa force ou bien d’autres enjeux politiques et économiques interfèrent-ils sur le sensible et l’intelligible, créant ainsi une tension entre une idéologie et son application ?
Nasr-eddine Bennacer expérimente et mélange techniques et supports: il passe du dessin à la sculpture, de la peinture sur plexiglas aux installations, selon le médium qui est le plus apte à décrire sa pensée. Il écrit et traduit d’un trait instinctif et tranchant ses observations par rapport à des contextes qui interpellent par leur complexité et bouleversent par la violence qui parfois les caractérisent. Derrière une esthétique minutieuse et souvent poétique, l’artiste dénonce un monde de plus en plus rationalisé et manipulé.

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JEAN-PHILIPPE PERNOT
INSCRIPTIONS TERRESTRES par ERIC SARNER
Loin d’ici, de nos temps vaguement arriérés, on peut lire Saint-Simon. Je lis “La mort de Louis XIV”, coeur de ses “Mémoires”. Je lis lentement, c’est comme une flânerie. Au vu de son long règne de soixante-douze ans, le monarque
ne pouvait se permettre de mourir à l’improviste, il lui fallait lanterner dans l’agonie, royalement. Il se devait de rendre possible une mise en scène grandiose de son absence. Et donc, cette majesté dans la chute, avant le grand voyage, supporte bien que l’on aille et vienne, à petites journées, dans le récit qui nous en a été laissé.
L’année (1715, il y a trois siècles exactement) semble tout entière placée sous le signe de la mort puisque, dans les premiers mois, disparaissent le comte de Grignan, gendre de Madame de Sévigné, le maréchal de Chamilly, Fénelon, la duchesse de Nevers, le cardinal de Bouillon, l’abbée de Lionne, la princesse d’Harcourt, le duc de Richelieu, Nesmond, évêque de Bayeux, Chauvelin, avocat général, l’abbé d’Estrades, Mme de Coëtenfao …
Tous disparus, ainsi peut-être que Henri Ménard, aubergiste à Marcq-en-Baroeul, Alphonse Neuvielle, un artisan serrurier de Moulins ou Francette Jaumier, une jeune paysanne des Causses, qui partit de fatigue et de la poitrine.
Sale année. Comme toutes les autres.
Un constat simplissime devrait nous venir à l’esprit, et d’autant plus à notre esprit d’altiers vivants du troisième millénaire – “crâneurs”, donc – : nos crânes, avant comme après, se ressemblent. Ils s’apparentent, malgré nous, comme s’imitent entre eux les carcasses du comte de Grignan et de la petite paysanne ou celles du serrurier Neuvielle et de la
princesse d’Harcourt. Voilà une chose à laquelle nous ne pensons guère et qui pourtant dit bien ce que nous sommes et serons.
Il y avait déjà quelques mois que le roi qui commençait à goûter les douceurs de la paix qu’il avait achetées par tant de travaux, de dépenses et de sang s’était retiré dans son aimable solitude. Lorsque, frappé d’une débilité d’estomac dont il avait déjà auparavant ressenti quelque atteinte, il commença, aussi bien que Salomon, d’éprouver que tout ce qui est en ce monde n’est que vanité. Bien sûr, Saint-Simon a tout compris, le restitue dans sa simple et haute langue et, comme toujours, nous y fait sous-entendre le reste.
Y a-t-il plus bel exemple d’un homme qui sut mieux faire vanité de lui-même et de son pouvoir (confondus en un) que ce Roi Soleil ? Mais, laissons-le à son éternité, commune somme toute.
La précarité de la vie, l’inanité des occupations humaines et le triomphe final de la Mort les hommes les ont saisis bien tôt (“vanité des vanités, tout est vanité” – l’Ecclésiaste) et on sait que ces thèmes ont constitué les motifs d’un répertoire pictural très ancien, en Grèce et à Rome en particulier. Remis au goût du jour en Hollande puis dans toute l’Europe, au XVIIème siècle, ce genre, les Vanités, disparut au siècle suivant avant de renaître avec Cézanne, à la fin du XIXème.
Mais dès les années 1820-1830, Nièpce et Daguerre ont photographié les premières natures mortes. Et même si l’on ne peut, dans ce dernier cas, parler de “vanités”, il s’agit bien d’une réflexion sur l’art pictural, sur le pouvoir d’évocation des objets, dans leur plastique comme dans leur symbolique. Cette réflexion semble bien ne s’être jamais arrêtée depuis. Le trompe l’oeil, la vanité des choses, la mise en scène de l’image venant à commenter l’image elle-même, tout cela est d’aujourd’hui.
Vivant … il n’y a pas plus vivant que cet homme-là, Jean-Philippe Pernot, force de la nature. Je dis force de la nature comme je dirais roc, montagne vivante, ardeur cordiale, vitalité. Mais dire cela c’est dire, chez tout homme et plus encore chez l’artiste, l’inquiétude de vivre. Comme si regarder devant soi c’était voir tout en même temps l’arbre sémillant et la colline nue, le désert.

Les crânes de Jean-Philippe Pernot, voyons-les : certains sont posés, certains semblent voler, sortir de la nuit, d’un livre, d’autres dévisagent un miroir, guignent une coupe de grand vin, ou se dégagent d’un espace nu, découpé gris-noir.
Tout est possible. Sait-on que le crâne, tout bêtement c’est la tête ? L’ancien français disait “test”, mais, par le grec, cette boîte qui renferme notre cerveau a fini par désigner notre figure, toute. Peut-être notre corps, notre existence.
Pour Pernot, ces Vanités ne sont pas seulement des avertissements – ce qu’elles sont, et comment ! – ce sont des étourdissements. C’est ainsi qu’il les trouve et les offre.
Et c’est ainsi qu’elles vivent et parlent.

En savoir plus : la page de l'expo

  • 6, rue du docteur Jacques Guidoni 06000 Nice
  • (ex passage Gioffredo)
    Ouvert du lundi au samedi de 14h30 à 18h30