Que ce soit dans les modelés, les sujets abordés ou encore le processus de création, Olivier Nord questionne avant tout le statut des images numériques. Cela commence d’ailleurs par celles présentes sous la forme d’informations et extraites du flot continu de l’internet pour servir de base à son travail ; jusqu’à la mise en forme finale de nouvelles images réalisées comme s’il s’agissait d’une forme d’écriture au pixel.

A travers ce nouveau champ plastique possédant ses qualités propres, l’artiste fait dialoguer fond et forme dans des représentations à la fois figuratives et abstraites qu’il choisit, grâce à la souplesse permise par la technique employée, de présenter sous la forme de tableaux ou de projections. Cette souplesse illustre la versatilité du statut de ces images pouvant passer alternativement de l’information (le fichier) à l’objet (le tableau).
Pour autant, si Olivier Nord trouve son inspiration et ses sujets à travers des images déjà existantes, il n’en repousse pas pour autant la notion de « geste » ou « d’action de mise en forme » à ses yeux primordiale.

Après avoir expérimenté le dessin numérique à l’aide d’une palette graphique pendant plusieurs années et notamment au cours de sa résidence à la Casa de Velázquez (2009-2011), il choisit ici de faire intervenir des croissances algorithmiques générées soit manuellement, soit en boucles automatisées pour faire croître la matière même de ses tableaux, comme le feraient des biologistes en culture In Vitro.

L’artiste cherche à travers ces divers protocoles, à se rapprocher d’une forme « d’évènement accidentel » ou du moins de faire intervenir une part aléatoire contrôlée dans son processus créatif. Cette idée s’apparente également à des thèmes qui lui sont chers, comme ceux de la recherche scientifique, en réinterprétant les phénomènes propres à la « stochastique » (définissant les processus aléatoires) ou à « l’entropie » (s’attachant à décrire la complexité d’un système) pour leur donner une forme visuelle et poétique.

Les compositions naissent à travers une matière qui n’en est pourtant pas vraiment une au sens analogique du terme : son espace est virtuel et sa masse est un octet, soit une quantité de données. C’est pour cela que l’artiste la nomme d’ailleurs « antimatière » ou « i-matière ». Elle forme ainsi les mirages que représentent ces tableaux numériques, où la nature continue de faire son œuvre à l’aide de petits corps invisibles.

www.olivier-nord.com
Téléchargez le dossier de presse