Dionysos et Apollon
artistes :
Vincent Leprévost
Vernissage le 16 mai à partir de 18:30
Si c’est de cabinet de curiosités qu’il s’agit dans le travail de Vincent Leprévost, c’est un cabinet revisité, habité de nouvelles formes. Ces dernières, inédites ou insolites en elles-mêmes, le sont aussi par les rencontres que suggère ou provoque le photographe dans son accrochage. Aux catégories autrefois d’usage dans l’organisation des collections – Artificilia, Naturalia, Exotica et Scientifica -, il substitue des séries qui semblent s’écarter de cette typologie. A moins qu’il ne la prolonge avec ses Historiae qui suspendent les instants et les corps…
Au premier abord, l’impression de curiosité surgit, dans l’exposition, du télescopage des temporalités et des univers : quand le sujet saisi aujourd’hui rencontre la technique d’hier, quand la capture d’écran prend corps sur un écu, quand le numérique résonne avec le cyanotype et autre ambrotype, quand les stéréotypes de genres se cristallisent en rose et bleu aux côtés d’un austère bertillonnage. Le spectateur, face à ce précipité d’histoire de la photographie, est troublé et déstabilisé dans ses habitudes. Comme il le serait face à la série Laudanum de Tracey Moffatt : ensemble de 19 photogravures qui paraît tout droit sorti des archives de Jean-Martin Charcot, mâtinées d’une dose filmique caligarienne, bien que réalisé en 1998.
Toutefois, à y regarder de plus près, la présentation de Vincent Leprévost renvoie aussi à la classification originelle des collections de cabinet. En effet, l’artificiel et le naturel traversent toutes les images présentées – la nudité féminine cyanotypée ou le tondo avec papillon, mousse et feuille de lierre en sont de bons exemples – l’exotique tient dans cet ailleurs photographique qui nous est donné à voir, et le scientifique est contenu dans la réalisation même des clichés, que les techniques soient anciennes et presque oubliées, ou résolument contemporaines.
La déambulation mentale suscitée par l’exposition tient à cette approche duelle et pseudo-diachronique, et trouve sa poésie en ce qu’elle se défait d’une démonstration historique et technique. Comme il existe un espace du spectateur au cinéma, ici s’invente, par surgissements successifs et improbables rencontres, un espace photographique dans lequel nous avons la charge de re-construire les récits qui nous sont proposés, logés dans les images et dans leurs interstices, comme autant de petites mythologies.
Exposition présentée dans le cadre des Boutographies/Rencontres photographiques de Montpellier
Galerie Annie Gabrielli
- 33, av. F. Delmas (av. de Nîmes) 34000 Montpellier
- Ouvert du mercredi au samedi, de 15h à 19h