“ Souvenez-vous du film Blow up. Quelque chose s’est passé au fond du parc et l’appareil photographique l’a enregistré. Il s’agit pour le photographe, au laboratoire, de scruter l’image. Sortez du parc anglais. Changez de scène. Vous vous trouvez sur un autre champ.(…)
Donc, dans la boîte obscure de l’atelier, faire le noir. Projeter l’image. Se glisser entre l’image et son reflet. Les dessins sont des agrandissements. La main trace. Elle trace pendant des heures. Tracer serait le mot juste? La main cherche en dessous, mais juste en dessous. Juste sous la peau de la feuille. On me dit dans le Robert que le sens que j’utilise pour tracer est vieilli. Difficile d’éliminer le temps.(…)
Scruter, est-ce le mot? On pourrait dire «fouiller»? Je tiens de la lecture desHistoires intimes de la guerre d’Espagne, le verbe castillan hurgar, on dithurgar el pasado. C’est à la fois fouiller, remuer, mais aussi fourgonner, tisonner le feu. Dirais-je que les dessins d’Eric Manigaud scrutent, fouillent, tisonnent? Peut-être à cause d’une curieuse lumière noire ? “

(Texte extrait de Souvenir écrit par Daniel Boitier)

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