« LES PASSAGERS »

À l’invitation de Blast, le Vivarium propose, sous la conduite de l’un de ses membres – Jean-Benoit Lallemant – une exposition intitulé « Les Passagers ».
À la manière des informations stockées à l’intérieur d’un serveur, les œuvres de ce regroupement d’artiste s’insèrent dans un volume autonome fait de lin, visible sous la forme d’un subterfuge potentiellement viral.

« Les Passagers » de ce convoi singulier, agissent ici tour à tour sur la structure même de leur transport, le transforment en une sorte de Cheval de Troie moderne et agricole et font du bloc de matière brut une base de créations plastiques et théoriques. Un ensemble se plaçant sur le fil de la monstration, et jouant des codes de la visibilité en proposant un espace uniforme au sein duquel plusieurs entités co-existent.

Reprenant le volume intérieur d’un container de marchandises, la base matérielle de cette exposition intitulée « Collaborative virtual environments », est ici placé comme centre de connexion et de mutualisation de différents savoirs, techniques et récits, greffés par les différents acteurs artistiques du Vivarium. Les œuvres de Pascal Jounier Trémolo, Leslie Chaudet, Angélique Lecaille, Robin Garnier-Wenisch, Mélanie Villemot et Damien Marchal viennent par capillarité ou opposition se jouer de cet espace au sein d’un autre, structure mobile figé pour un temps au sein d’une structure fixe. Cette proposition fait écho au dernier projet collectif des artistes de Vivarium : une édition rétrospective en forme de boite, contenant des multiples et l’historique de l’association (« On n’est jamais à l’abri d’un coup de bol », éd. Lendroit Editions et La Criée-centre d’art contemporain, 2012).
« Collaborative virtual environments » s’envisage ainsi comme le bloc de paille symbole d’un paysage collectif, un pain de matière agricole devenu terrain fertile de production, à l’image du sculpteur ajoutant ou retirant de la matière. L’ouvrage initial se transformant par l’action de chacun des artistes en un espace pluri-disciplinaire passant au rythme des univers sous diverses latitudes. Du dessin au moulage en passant par l’installation, les œuvres de l’ensemble imaginé par les artistes de Vivarium forment ici un patchwork mono teinte retraçant en volume les grandes lignes d’un ouvrage où chacun pourrait exister en apportant sur un espace donné sa propre vision de ce même espace.

Le bloc de paille, symbole des moissons, mais aussi matière première du revêtement, du drapé et par extension de la capitalisation artistique et des divers flux à l’origine des échanges monétaires de notre société moderne, est ici sous sa forme la plus inhabituelle, bien que peu transformé : devenu surface de réflexion et de mutualisation, il se tend en un reflet sur le désir de sédentarité.