Olivier Rebufa Courtesy Galerie Annie Gabrielli

artistes :
Olivier Rebufa

Vernissage le 03 avril à partir de 18:00

Olivier Rebufa vit et travaille à Marseille. Reconnu depuis la fin des années 1980 pour ses mises en scène mélangeant réel et artifices, autoportraits, maquettes, jouets dont notamment la poupée Barbie qui devient instrument d’expérimentations et de réflexions.
L’apparence d’un dialogue naît entre l’artiste réduit à la taille de son égérie et la poupée, parfait stéréotype féminin, qu’il tente d’humaniser et qu’il séduit. Barbie devient le symbole et le syndrome obsessionnels des fantasmes les plus fous dans lesquels Rebufa se perd. Il prend plusieurs identités, acteur d’une vie quotidienne idéalisée ou héros de l’Antiquité : Bellérophon chevauchant Pégase en compagnie d’Athéna (Barbie), Dionysos entouré de nymphes (Barbies), et pourquoi pas Robinson Crusoë rejoint par Vendredi devenu sujet féminin (Barbie), ou encore gardian, torero…
Nous sommes pris dans un jeu de séduction qui ne s’adresse pas exclusivement à Barbie. Cependant, cet humour n’éclipse pas un sentiment de mélancolie. L’œuvre d’Olivier Rebufa s’apparente en effet à un journal intime où sont formulés ses doutes et sa quête d’une vérité dans le chemin d’une vie semée de petits cailloux, ceux du Petit Poucet, mais aussi les pierres obstacles, les pierres de conjurations qui se mettent en travers de la route… Il s’agit d’une réelle interrogation sur la représentation, d’une critique sociale voire sociétale.
“Mes poupées interrogent les critères d’une société, mes photos les frontières qui font les hommes et leurs vérités.”

Rebufa façonne un univers rêvé, peuplé de créatures à la plastique parfaite pliées à ses désirs. Amantes alanguies, vierges effarouchées, objets sexuels ou figures de la féminité exacerbée et stéréotypée, Barbie est la femme-objet de la société de consommation qui cristallise tous les fantasmes d’adultes. Rebufa s’octroie le premier rôle dans ses mises en scène. Acteur polymorphe qui ne s’encombre pas de hiérarchie dans ses références et ses choix, il incarne tour à tour Adam, Bellérophon, Bacchus, un gladiateur, un lanceur de couteaux, un acteur insignifiant qui se présente à un casting, un coiffeur pour dames… Grimé et déguisé, il prend la pose et adopte la mimique idéale pour jouer, tantôt avec vraisemblance et justesse, tantôt avec exubérance et obscénité, les différents personnages qu’il choisit. D’une série à l’autre, la grande Histoire côtoie la petite ; à l’hommage au chef-d’œuvre succède la banalité déconcertante de la vie quotidienne. S’il joue avec son image – au sens propre comme au figuré – et réduit sa corporalité réelle pour faire intrusion dans le monde de Barbie, c’est pour introduire de l’humanité dans ce système désincarné et illusoire de la poupée. La chair alors s’oppose au plastique. La réalité du corps se heurte à l’inaltérabilité de Barbie, toujours lisse et belle. Dans cette volonté de “contre-Matelliser la vie” selon l’expression de P. Ardenne*, Rebufa tient avec humour un propos sur l’homme et ses fantasmes.

  • Éd. Baudoin Lebon, 2006, p. 92.

  • 33, av. F. Delmas (av. de Nîmes) 34000 Montpellier
  • Ouvert du mercredi au samedi, de 15h à 19h